Un avocat secourt des victimes de la traite en Afrique du Sud et au Mozambique

Un avocat secourt des victimes de la traite en Afrique du Sud et au Mozambique

Inacio Sebastiao Mussanhane veut sensibiliser le public tout en protégeant les victimes.

M. Inácio Sebastião Mussanhane, un avocat du Mozambique.

Par Jane Morse
Staff Writer

Washington - Une conversation dans un café de Pretoria, en Afrique du Sud, a été à l'origine d'une enquête dangereuse que devait mener Inacio Sebastiao Mussanhane, un avocat du Mozambique qui étudiait dans ce pays.

C'est là que M. Mussanhane a entendu dire que des jeunes Mozambicaines étaient retenues en esclavage sexuel dans un immeuble de luxe du voisinage qui servait de maison close. M. Mussanhane a décidé d'enquêter sur cette question. Se faisant passer pour un client, il s'y était rendu pour voir ce qu'il en était. Après avoir affirmé aux jeunes filles qu'il n'était pas venu pour leurs services mais pour les aider, il avait pu gagner leur confiance.

M. Mussanhane avait ensuite pris contact avec la trafiquante présumée, une concitoyenne du Mozambique qui avait dupé les jeunes filles pour les inciter à venir à Pretoria. Le but, a dit M. Mussanhane, était de la dissuader de poursuivre cette activité illicite et de faire rentrer les jeunes filles au Mozambique. Mais au lieu d'être convaincue, la trafiquante a essayé d'acheter son silence en lui offrant des pots-de-vin. C'est alors que M. Mussanhane a commencé à œuvrer de concert avec la police sud-africaine, avec un refuge local pour les victimes de la traite des personnes, avec l'ambassade du Mozambique et avec le ministère sud-africain de la justice. En représailles, la filière de trafiquants a menacé de M. Mussanhane de mort et tenté de l'enlever. Mais la police a réussi à libérer les Mozambicaines et à arrêter le responsable du réseau de trafiquants. Son procès s'est ouvert en octobre 2008 et se poursuit toujours.

Tout au long de cette affaire, M. Mussanhane a cherché à sensibiliser les gouvernements du Mozambique et de l'Afrique du Sud, la police et les tribunaux aux réalités de la traite des personnes. Il continue de travailler pour protéger les jeunes filles qui sont victimes de ce fléau, pour s'assurer que les coupables sont poursuivis en justice et pour attirer l'attention de la communauté internationale sur ce problème.

L'esclavage des personnes, un fléau à l'échelle mondiale

On estime que 800.000 hommes, femmes et enfants traversent les frontières internationales chaque année dans le cadre d'une traite illicite. Des millions d'autres en sont victimes dans leur propre pays. En Afrique, ce problème est particulièrement aigu, mais des progrès ont été accomplis pour protéger les personnes vulnérables et poursuivre les trafiquants.

L'Assemblée nationale du Mozambique, par exemple, a adopté la version définitive d'un projet de loi sur la traite des personnes en avril 2008. Cette loi, promulguée en juin par le président, préconise des peines de prison allant de 16 à 20 ans pour les personnes reconnues coupables de recruter ou de faciliter l'exploitation de personnes à des fins de prostitution ou de travail forcé. De plus, la police mozambicaine a créé une unité spécialisée dans la lutte contre la traite des personnes pour appliquer cette loi.

En Afrique du Sud, une formation considérablement accrue pour sensibiliser les assistants sociaux et la police, les procureurs et les gardes-frontières à la traite des personnes leur a permis de reconnaître ses victimes plus facilement et de leur offrir de meilleurs soins tout en traduisant en justice un nombre accru des responsables de ce trafic.

Les États-Unis rendent hommage aux héros de la lutte contre la traite des personnes

Cette année, dans son Rapport sur la traite des personnes, le département d'État a rendu hommage à M. Mussamhane. Le département d'État publie ce rapport annuel depuis 2001 afin de faire le bilan des efforts déployés par les gouvernements du monde pour lutter contre la traite. Si de nombreux pays ont pris des mesures énergiques, cette forme moderne d'esclavage continue de sévir dans le monde et de détruire la vie de millions de personnes.

Le département d'État rend hommage aux efforts que déploient certains individus pour mettre fin à la traite des personnes dans la section de son rapport intitulée « Les héros qui agissent pour mettre fin à l'esclavage des temps modernes ». Il s'agit de personnes qui ont fait preuve d'un courage extraordinaire dans la lutte contre ce fléau mondial.